Nous commençons 15 jours très particuliers – Et si nous décidions d’en faire un moment d’intériorité, de recentrage et d’Amour ?

La plupart d’entre-nous vont rester chez eux, quelques-uns continueront à aller travailler, dans des conditions inédites. Pour certains d’entre nous, ne plus sortir, ne plus pouvoir bouger comme ils le souhaitent va peut-être faire monter frustration, colère, peut-être des peurs, ou même du désespoir. L’une des émotions les plus difficiles pour l’être humain est le sentiment d’impuissance, quand il n’a pas le contrôle sur les choses, quand il ne peut pas décider. Et c’est ce qu’il nous arrive avec cette pandémie et le confinement de 15 jours minimum demandé pour ne pas propager le virus.

Alors que faire ? Et bien peut-être commencer par ne rien faire, se poser, sentir ce qu’il passe pour soi et en soi ici et maintenant, accueillir nos émotions inconfortables, difficiles, quelles qu’elles soient. Faire une petite météo intérieure, “regarder dedans” sans jugement, en respirant, en prenant contact avec ce qu’il se passe dans notre corps (pour ceux qui n’en ont pas l’habitude, vous pouvez vous accompagner par des méditations de pleine conscience, méditations guidées qui ne cherchent pas à transformer mais juste à observer). Nous pouvons également commencer un petit journal de bord, où nous noterons nos émotions, nos questionnements, nos doutes, mais aussi nos prises de conscience, nos besoins, nos frustrations. Nous pouvons également le transformer en journal créatif, y ajouter des dessins, des collages, des images que nous aimons, des mandalas dessinés ou coloriés, …

C’est aussi une occasion de prendre conscience que la majorité du temps, depuis des années, nous souffrons du “rythme infernal” du quotidien, qui ne nous laisse pas une minute pour souffler, entre nos vies professionnelle, familiale, de loisirs, et toutes les injonctions ou tous les “il faut” que nous nous imposons. Une des phrase les plus prononcées ces dernières années : “Je n’ai pas le temps !” Et bien là, ces circonstances si particulières nous proposent du temps, nous offrent du temps. Est-ce indécent de parler de “cadeau” dans ces conditions ? Avec la conscience que certains passent des moments difficiles (malades, soignants, etc.), et avec toutes notre compassion et notre énergie d’Amour, nous pouvons décider de transformer ces événements en expérience qui va nous faire grandir, nous enrichir.

Et si nous profitions de ces temps particuliers pour nous recentrer, nous poser ? Prendre enfin le temps de prendre du temps avec nous-mêmes, pour nous et nos proches (au téléphone pour ceux qui sont pas dans le même foyer). Combien de fois ai-je entendu mes amis dire “j’ai des tas de bouquins en retard qui m’attendent sur ma table de chevet” ou “je n’ai même plus le temps de lire, de dessiner, de peindre, de faire de la musique”. Toutes ces passions que nous avons laissé en sommeil pour courir à droite à gauche, agités par l’agitation du monde ….

Du temps pour vous et vos proches, sans culpabilité, en compassion avec ceux qui souffrent, dans l’énergie de l’amour. Je vous souhaite beaucoup de douceur et vous embrasse.

Marion, le 17.03.2020

Et si la Paix venait aussi de et par les mots que nous utilisons …

Il y a quelques années de cela j’ai pris conscience du bain-lexical de lutte proposé par notre société. Peut-on alors vraiment ne pas se questionner sur les mots que nous utilisons lorsque nous nous mettons sur le chemin de la Paix, en ayant profondément compris et senti que cette Paix ensemble ne pourra être présente que si la paix en soi est là.

Ne pas nous mettre en conscience du vocabulaire que nous utilisons dans notre relation à nous-même et aux autres engendre une énergie discordante avec nos intentions de Paix.

L’éducation bienveillante que l’on pourrait croire paisible n’en est pas libérée. Nous pouvons encore entendre des injonctions comme “il faut armer les enfants”. Les “il faut” continuent à nous donner des injonctions, étant du domaine de la violence subtile, car même si nous disons “il faut être zen” nous essayons de passer en force. La détente, tout comme l’amour ne peuvent venir que par l’accueil de ce qui est là, dans une dimension fluide et détendue. “Armer” – s’agit-il encore d’armer nos enfants ? Ou pouvons-nous leur offrir de développer leurs ressources ?

Certains diront peut-être que je tatillonne ou que “Quand même faut pas exagérer, on peut encore parler comme on veut, ça ne va pas jusque là !” Et bien je le crois profondément. Le monde que nous souhaitons peut venir de l’énergie que nous y mettons, que nous développons en nous à chaque instant. Transformer notre vocabulaire, développer un nouveau lexique, engendre une nouvelle énergie dans nos relations.

Un autre exemple : “Je dois travailler sur moi”. Qu’en pensez-vous, que ressentez-vous en lisant cette phrase ? Vous l’êtes-vous déjà dite à vous-même ? “Je dois” : encore une injonction. Puis-je le transformer en “Cela me ferait du bien de” ou “ C’est important pour moi” ou “Je souhaite”? “Travailler sur moi” : ça fait un peu rugueux non ? L’impression de travaux en bâtiment ou de passer en force avec le mental. Puis-je proposer : “Je ressens le besoin d’aller à ma rencontre et d’apaiser les parties de moi qui me font souffrir” ou “Je me mets en chemin vers le meilleur de moi” ou “Je me mets en chemin de prendre soin de moi” ; ou encore plus acceptable par les proches : “J’ai besoin de prendre soin de moi” ? En écrivant ces mots je me dis qu’effectivement vous devez vous dire : je vais me faire traiter de “bisounours”, de “perché”, un “T’as fumé quoi ?” Peut-être même que votre ventre se serre. Oui, c’est vrai qu’en utilisant ces nouvelles formulations vous prenez le risque de recevoir des mots de jugements. Sachez qu’ils appartiennent à l’autre, qui ne s’est pas encore mis en conscience des jugements qui sortent de sa bouche et n’est probablement pas encore en douceur avec lui-même. Il s’agit aussi ici de retrouver sa liberté d’être.

D’autres mots de lutte : vaincre, convaincre, il faut, je dois, tu dois, gérer, maîtriser, débattre, confronter, … Le mot “lâcher prise” est lui-même devenu une certaine forme de violence que l’on se fait ou que l’on nous fait lorsque l’autre nous dit : “tu devrais lâcher prise !” Une violence sous une intention initiale de bienveillance, du fait de l’injonction et du non-accueil de ce qu’il se passe pour l’autre.

Afin que cette nouvelle-conscience ne devienne pas elle-même une lutte avec vous-même, je vous propose de vous mettre en conscience en douceur. De vous mettre à l’écoute des sons qui sortent de votre bouche, de sentir s’ils sont doux, tendres, dans la justesse. Et lorsqu’un mot de lutte sera présent (du fait des automatismes en place depuis des années), tout simplement “attraper” ce mot exprimé là, délicatement, comme une plume, et de le remplacer par un mot plus paisible, plus bienveillant.

Pour que nos relations avec nous-même et avec les autres s’apaisent. Pour un monde plus paisible et bienveillant, incarnant une posture “avec”, d’accueil de ce qui est là à chaque instant, pour mieux aller vers le meilleur de nous-même, tous ensemble.

Marion Thiessard, Psychologue

S’écouter et se comprendre avec le coeur

J’ai envie aujourd’hui de partager ce qu’il se passe en moi, mon besoin que les choses puissent se dire avec amour et douceur, pour être transformées.

Lorsqu’une émotion surgit en nous, elle a souvent été déclenchée par un événement, un facteur extérieur, une parole, un acte, un geste ou un non-geste, mais parfois juste par une pensée. Nous nous sentons blessé(e), choqué(e). Les émotions les plus connues, peur, colère et tristesse viennent seulement dans un deuxième temps, quelques micro-secondes après. Mais la première émotion est soit blessé(e), soit choqué(e). En prenant conscience de cela, nous pouvons choisir comment ré-agir. Et si nous devons agir ou ré-agir.

Nous pouvons également choisir d’écouter ce qu’il s’est passé pour l’autre, faire de la place, ouvrir notre coeur. Oui, c’est souvent très difficile d’ouvrir son coeur et de se mettre en position d’écoute et d’empathie lorsque nous avons été choqué(e) ou blessé(e). La première empathie à avoir est avec nous-mêmes. Puis, dans un second temps – avant tout action ou réaction – c’est se mettre à l’écoute de ce qu’il se passe pour l’autre, et ce qui a déclenché son (non-)geste, sa (non-)parole … 

La première difficulté, c’est de croire que l’autre nous attaque. Je vous propose de regarder les choses autrement : Il n’existe pas d’attaque, il n’existe que des défenses. Personne n’attaque en premier. Si vous regardez bien l’enchaînement des événements, chaque attaque est en elle-même une défense de quelque chose qui s’est passé avant pour la personne qui met en acte ce comportement. Parfois il est décalé, il n’est pas venu de la personne qui reçoit l’événement suivant (vidéo ci-dessous “Je suis donc tu es” ).

La deuxième difficulté est due à nos mécanismes de défense automatiques, installés depuis l’enfance, et ayant une utilité biologique de survie. Je reprends donc : Il se passe quelque chose – une émotion se déclenche en moi – je réagis. Nous pouvons même parler ici de garde du corps, car c’est notre cerveau reptilien qui déclenche une réaction de survie. Il choisira la fuite (je pars de la situation, je fais comme si elle n’existait pas, je mens …), la lutte (je m’énerve, je cris, j’attaque l’autre, je me justifie, je cherche à avoir raison…) ou le repli (je prends sur moi, je ne dis rien, je me dis que ce n’est pas grave, je me dis que c’est ma faute…). 

Et si je décidais aujourd’hui de prendre un temps de respiration lorsqu’une émotion surgit en moi, m’asseoir, ancrer mes pieds au sol, respirer, me connecter à mes sensations corporelles, laisser passer mes pensées très agitées du fait de l’émotion ?… Décider de laisser passer le gros de la vague émotionnelle sans réagir, sans fuir, ni lutter ni me replier. Prendre le temps de laisser mes cerveaux reptiliens et limbiques se calmer, pour reprendre mes esprits et pouvoir revenir dans le coeur.

OUI, sortir de la lutte qui fait tant de mal dans les relations, qui fait tant de mal à nous-mêmes, qui blesse et re-blesse, et nous éloigne de plus en plus de l’amour.C’est une vraie décision à prendre avec soi-même.

Cela ne veut pas dire se laisser faire, bien au contraire. C’est aussi poser ses limites, dire NON quand la situation n’est ni juste ni dans la justesse, c’est dire ses besoins de manière claire. C’est se mettre en conscience, se responsabiliser. C’est ouvrir son coeur pour être dans une vraie écoute de ce qu’il se passe pour l’autre, sans choisir ni déformer ses mots par le filtre de notre ego blessé. 

Oui, l’Amour c’est la Rencontre.  La Rencontre de Soi et de ses mouvements internes et externes, la Rencontre de l’autre dans ses propres mouvements, et la Rencontre de notre danse commune. C’est aussi accueillir les maladresses, les non-justesses, les réactions qui ne manqueront pas d’arriver, car danser ensemble c’est aussi prendre le risque de se heurter, de se blesser, mais c’est toujours revenir à l’Amour. 

OUI nous rêvons d’amour, nous rêvons et souhaitons d’un monde meilleur, un monde d’Amour et de Paix. Et si nous en étions les premiers acteurs ? 

Doit-on exprimer ses émotions ?

Depuis plusieurs années, je vois et lis régulièrement des publications, des articles, des livres qui parlent d’expression des émotions. Il semblerait que nous soyons dans une espèce de mode devenue aujourd’hui presque un diktat selon lequel nous devons exprimer nos émotions. Je ne peux qu’exprimer un énorme bémol à cela, allumer des signaux d’alarme ou de vigilance.

Pour moi, nous ne sommes pas aujourd’hui en capacité de le faire de manière saine, car notre intelligence émotionnelle n’est pas suffisamment développée. L’intelligence émotionnelle, c’est quoi ?

Premièrement, c’est savoir que mon émotion m’appartient. Une émotion est un signal, un message, que quelque chose se passe en moi, pour moi.

Deuxièmement, l’autre n’est ni coupable ni responsable de mon émotion. Un de ses comportements (geste, parole, non-geste, etc) peut avoir déclenché une émotion en moi, mais en aucun cas c’est lui qui est responsable ou coupable. Quel que soit le comportement de l’autre, si rien n’était présent en moi pour s’activer au contact de ce comportement, je n’aurai pas d’émotion. C’est bien qu’il y a quelque chose en moi qui s’active. Autre signe de cela : pourquoi avons-nous tous des émotions et réactions différentes par rapports à un même événement déclencheur ?

Troisièmement, ce n’est pas parce je ressens une émotion que je dois la dire à l’autre. Pour moi, une émotion est un message. Et le première personne à laquelle elle s’adresse et doit être exprimée c’est à moi ! Mon émotion vient me parler de ce qu’il se passe pour moi (pas de l’autre !) et me signale qu’il y a quelque chose dont je dois prendre soin. La première démarche est donc de se mettre à l’écoute de soi et de ce qu’il se passe en soi, afin de prendre soin de soi. Et cela demande parfois du temps.

Quatrièmement, c’est à moi de prendre soin de mes besoins. Exprimer immédiatement mon émotion à l’autre, c’est prendre le risque d’en rendre l’autre responsable de ce que je ressens, de ce que je vis de désagréable (autrement dit l’accuser), poser sur l’autre la charge de prendre soin de mes besoins. L’autre devient le support de mes attentes. Je perds là le pouvoir sur ma vie. Il est très rare aujourd’hui de savoir parler à partir de soi, sans être dans l’accusation, ou la déresponsabilisation, et se poser comme victime de l’autre.

Cinquièmement, une vigilance particulière est à mettre en place lorsque mes émotions sont “enflammées” car il s’agit là probablement d’un réveil de blessure de l’enfance. Quelque chose s’est passé ici et maintenant avec l’autre qui ressemble à un événement émotionnellement blessant de mon enfance. Et la charge émotionnelle qui s’active ici et maintenant est totalement disproportionnée, puisque c’est une énergie bloquée hier qui essaie de se décharger aujourd’hui. Attention donc à l’effet explosif ! Il s’agit ici d’aller rencontrer ce qui se réveille, la source de cette émotion réactivée. C’est seulement après que je pourrais raconter à l’autre ce qu’il s’est passé en moi, pour moi.

Pour finir, exprimer son émotion, c’est parler à partir de soi, de ce qu’il se passe en soi et pour soi. C’est un récit de moi-même, de mes mouvements internes, c’est livrer à l’autre la couleur de mon océan, ses vagues, ses clapotis, ses tsunamis parfois. C’est lui raconter la palette de mon arc en ciel, lui parler à partir de mon coeur, de mon ventre (et pas de mon mental qui rumine et cherche des coupables), de ce qui me blesse, de ce qui s’est réveillé en moi et pour moi, de ce qui m’a blessé(e) ou choqué(e) dans ce qu’il s’est passé. Mais c’est aussi lui faire découvrir ce qui me fait du bien, ce dont j’ai besoin, ce qui me fait vibrer, mes limites, mes nuances, ma sensibilité… Et lui signifier (ce qui va alléger la relation) que c’est moi qui vais prendre soin de moi et de ma vie, car l’être précieux que je suis a le droit à cet amour inconditionnel. Et je décide aujourd’hui de me l’offrir.

“C’est à travers les fêlures qu’on voit la lumière”…

Parfois les blessures de notre enfant intérieur s’enflamment, et nous font traverser des périodes difficiles, sombres, allant même jusqu’à nous faire vivre une très grande obscurité. La lumière est alors seulement dans la foi que tout est là, que ce chemin est nécessaire pour guérir. Puis vient le temps de l’aube, celui où nous sentons un début de cicatrisation des blessures, où nos émotions s’apaisent, où la lumière revient doucement.
Oui, accepter de traverser nos zones d’ombres, accueillir nos émotions douloureuses, prendre soin de notre enfant intérieur blessé, bercer ses désespoirs et ses terreurs, et lui montrer que nous sommes là solide, fiable et aimant inconditionnellement… c’est le chemin de la guérison profonde.
C’est aussi accepter ce temps de l’obscurité, de la veille, où les choses peuvent tout doucement se réparer, cicatriser. 
Puis re-vient la lumière, plus puissante et éclatante, qui nous permet alors de continuer à expandre le meilleur de nous-mêmes.

Retour sur un parcours

Un besoin surgit aujourd’hui : regarder le chemin parcouru depuis 2015. Et oui, tout a commencé (en fait, ce n’est pas vrai, car on connaît l’effet de l’aile du papillon …) avec : 
– Création du groupe “Kolibris64” avec Pierre, Elodie, François, Delphine, Alice… (1er article sur le ciné-débat à St Palais autour du film “En quête de sens”), 
– Création de Pour une éducation bien-Veillante” en novembre 2015 (naissance le 1er mai 2015)
– Tournée autour du film “Être et devenir” avec sa réalisatrice Clara Bellar, 500 spectateurs et une dizaine d’associations ou collectifs rassemblés autour de la bienveillance,
– Du 21 septembre au 02 octobre 2016 : Festival pour la Paix, par le “Collectif pour la Paix” créé avec Pierre, Agnès, Phil , Jean-Paul et Mylène, Jean-Pierre. De très nombreux artistes, professionnels et personnes de cœurs sont venus nous rejoindre pour proposer 70 événements sur l’énergie du <3
– Puis les actions de l’association “Pour une éducation bien-Veillante”, d’ateliers en conférences, en ciné-rencontres, en tournées, en journées … 
– Et depuis un an l’extension de mes actions en tant que conférencière et formatrice autour des “professionnels accompagnants” dans des secteurs très variés : crèches, écoles, collèges, lycées, hôpital de jours, animateurs, etc.

Immense GRATITUDE pour toutes les personnes de cœur qui sont avec moi sur ce chemin pour semer les graines de Paix <3